Les villes intelligentes et le Web social

Comment l’évolution des villes intelligentes aura-t-elle un effet sur l’utilisation du Web social à travers les réseaux sociaux ? Comment le mode de vie des citoyens évoluera d’ici un an, cinq ans ou même vingt ans ?

Tout d’abord, une ville intelligente se caractérise selon certains critères qui sont associés au développement économique durable, la responsabilité environnementale et sociale. Ce concept évolue rapidement en utilisant les technologies de l’information et des communications pour améliorer la qualité des services urbains. Quelques grandes villes ont débutées des initiatives importantes concernant l’analyse de leurs données en libérant celles-ci et en permettant à des universités de collaborer au développement d’applications et d’interfaces logiques permettant l’interaction avec les citoyens ainsi qu’une visibilité sur les principaux réseaux sociaux.

À l’heure de l’omniprésence des technologies numériques, de l’émergence de nouveaux modes de fonctionnement et de l’apparition de modèles économiques innovants, la communication est plus que jamais un facteur de succès déterminant pour la transformation digitale et l’évolution de la ville intelligente.

La croissance du modèle de la ville intelligente passe en premier lieu par l’accès libre aux données ouvertes pour permettre le développement d’outils qui permettront une interaction entre les différents niveaux de services de cette ville et les citoyens. Les développeurs pourront utiliser ces données pour produire des applications mobiles et Web qui fourniront aux utilisateurs et citoyens une information pertinente qui était difficilement accessible auparavant.

La disponibilité d’un réseau sans fil à travers la ville demande une infrastructure complexe, mais aura des bénéfices tangibles concernant l’accès aux données en temps réel pour les citoyens. Par exemple, la ville pourra rejoindre une grande partie de ses citoyens pour l’aviser d’une situation d’urgence par des alertes sur son réseau sans fil en plus des autres moyens mis à sa disposition. Les informations importantes et urgentes rejoindront rapidement de plus en plus de gens avec le développement d’un réseau de télécommunication présent dans la ville en passant par les outils développés sur les réseaux sociaux.

Le phénomène « Big data » est omniprésent lorsque l’on parle de données. Ce n’est pas tout d’avoir accès aux données ouvertes de la ville, mais faut-il aussi comprendre le sens de ces données, leurs paramètres et portées, les regrouper et les rendre intelligente pour une diffusion logique ne laissant pas place à l’interprétation. Les développeurs auront un rôle important à jouer dans l’avancement d’une telle initiative et devront être conscients de la vitrine qui s’offre à eux en respectant l’intégrité des données pour garder la confiance de la population qui utilise leur application ou consulte leur site Web. La crédibilité d’une entreprise en développement se jouera sur les faits réels tant au point de vue de l’utilisation des données que dans la performance de ses outils qui seront mis à la disposition des utilisateurs. La e-réputation sera de plus en plus présente avec les différentes initiatives des entreprises, organismes et municipalités. Ils devront être à l’écoute des commentaires des utilisateurs pour s’assurer d’améliorer leur produit selon les besoins de ceux-ci, que ce soit d’un nouvel outil ou bien d’une modification à celui-ci. La communication se fera de plus en plus dans les deux sens, écoute et réponse pour une validation efficiente.

Les réseaux sociaux vont devenir des outils important pour les municipalités qui veulent se rapprocher de leurs citoyens. Actuellement une grande partie de la population est présente sur les réseaux sociaux et c’est un moyen rapide et efficace pour les contacter. La qualité de l’information et la fréquence devront être prises en considération puisque peu ne donnera pas l’effet souhaité et au contraire, trop diluera l’importance de l’information que l’on souhaite diffuser.

Un des objectifs de la ville intelligente est d’amener le citoyen à collaborer à cette expérience en tant qu’acteur et non pas seulement passivement. Les réseaux sociaux seront un outil essentiel qui permettra aux citoyens de communiquer avec les différents services de la ville. Prenons par exemple le service des transports, que ce soit pour aviser de travaux, problème de circulation, route alternative, interruption temporaire des transports en commun, emplacement d’un nouveau nid de poule ou bien de rue fermée temporairement pour des activités de quartier, le citoyen aura accès à ces informations, mais pourra aussi communiquer rapidement avec les services municipaux pour mettre à jour l’information, il agira comme partie prenante dans l’évolution de l’information disponible.

Aujourd’hui quelques expériences nous démontrent que certains processus administratifs des services de la ville ne sont pas efficaces et devrons être améliorés. La vitesse à laquelle nous pouvons obtenir une réponse d’un intervenant municipal par l’intermédiaire des réseaux sociaux est inégalable par rapport au chemin traditionnel et administratif qui existe actuellement. Les processus administratifs devront être révisés et optimisés pour permettre à la population d’adopter les bons chemins à prendre.

La fracture numérique

Les habitudes de vie changent au fil des initiatives de certaines grandes villes, les différentes générations évoluent inégalement puisque la technologie ne les touche pas directement selon leurs tranches d’âges. Nous allons observer un effet de la fracture numérique dans certains cas plutôt évident qui devrait s’estomper avec les années, car les jeunes générations sont plus réceptives aux différents changements technologiques apportés dans la société et qui touchent leurs habitudes de vie.

Le concept de la ville intelligente est encore tout récent, nous entendons parler des initiatives des grandes villes de plus en plus, mais est-ce que les municipalités de banlieue pourront suivre cette initiative ? Il faudra certainement une implication provinciale du gouvernement pour aider les plus petites municipalités dont le budget et les ressources nécessaires à une telle initiative soient mis en place.

Une grande partie de la population a déjà adhéré à au moins un réseau social, ce qui limite la fracture numérique dans les grandes villes ainsi que les autres municipalités. Cependant, les statistiques d’utilisation de ces réseaux sociaux démontrent que plus de 80% des utilisateurs sont des lecteurs uniquement. Pour avoir un succès dans une ville intelligente, un facteur important est d’augmenter la population de gens actifs sur les réseaux sociaux pour en avoir une meilleure interaction et obtenir un équilibre dans l’information recueillie, ce qui permettra d’éviter que l’information reçue soit déformée par une catégorie d’âge, un secteur, une classe sociale. Le profil des gens sur les réseaux sociaux devient important si l’on veut bien mesurer la qualité des demandes et ne pas répondre uniquement à un besoin qui découlerait d’une minorité des citoyens.

Voyons un peu les statistiques des différents réseaux sociaux populaires[1] :

  • Facebook
    • Plus d’un milliard de membres dont près de 500 millions utilisant les applications mobiles
  • Twitter
    • Plus de 500 millions de membres mais seulement 140 millions sont actifs pour 400 millions de tweets envoyés chaque jour
  • Google +
    • Plus de 500 millions de membres mais seulement 135 millions sont considérés actifs
  • Pinterest
    • Plus de 20 millions de membres dont 68 % sont des femmes
  • Instagram
    • Plus de 100 millions d’utilisateurs

Il faut s’assurer que les gens qui n’adhèrent pas à l’évolution technologique, pour quelque raison que ce soit, ne soient pas mis à l’écart ou dans l’oubli. Parmi la population mondiale, il y a 42% d’internautes et 28% de la population possède des comptes actifs sur les réseaux sociaux, soit 68% des internautes. Il faudra mettre en place des moyens alternatifs pour ne pas augmenter délibérément la fracture numérique.

L’autoroute de l’information

Aujourd’hui les réseaux sociaux évoluent rapidement et permettent une diffusion d’information selon les communautés auxquelles nous sommes liées, que ce soit personnel ou professionnel par l’intermédiaire de Facebook, Twitter, Linkedin, Google +, Youtube, etc. Nos amis et contacts nous partagent de l’information à une vitesse inouïe, il est parfois impossible de tout lire et de prendre connaissance de tout. En plus des gens et des communautés auxquelles nous adhérons, nous recevons de l’information des sites auxquels nous avons souscrit par l’entremise des lettres d’informations et communiqués envoyés régulièrement.

Il existe les méthodes « push et pull » lesquelles fonctionnent différemment selon notre intérêt à connaître les communiqués rapidement ou à la demande. La méthode push est de plus en plus utilisée par les applications mobiles, pour aviser les gens intéressés qu’il y a une nouvelle information à partir d’une application mobile ou bien sur un site Web. Il n’est plus nécessaire de faire le tour de nos sites préférés ou bien des sites personnels pour aller voir l’information quotidiennement puisque nous sommes avisés qu’il y a du nouveau contenu. Ici nous pouvons faire un parallèle avec les agrégateurs internet qui permettent de suivre les fils d’actualités auxquels nous sommes intéressés et d’accéder à un niveau d’information structuré selon nos besoins.

Il ne suffira pas de se fier aux réseaux sociaux pour diffuser des informations critiques pour une ville intelligente, c’est certain qu’une majorité de la population en prendra connaissance rapidement avec les réseaux sociaux, mais il faut penser aux alternatives traditionnelles pour atteindre les personnes n’ayant pas adhéré à l’avancement technologique que permet principalement les téléphones intelligents. Prenons par exemple, la ville doit diffuser un avis de faire bouillir l’eau avant consommation, elle devra rejoindre les personnes habitant dans le secteur particulier, les personnes y travaillant, les commerces et industries en plus des personnes y circulant occasionnellement. Quels seront les moyens technologiques et traditionnels pour s’assurer de rejoindre cent pour cent de la population pouvant être affectée? La technologie de géolocalisation et les profils permettront d’annoncer cet avertissement par les réseaux sociaux pour rejoindre de plus en plus de monde, mais il ne faut pas négliger les méthodes traditionnelles comme la radio, le téléphone individuel, les journaux, les pancartes et ainsi que le porte-à-porte dans certains cas.

Les entreprises doivent viser s’intégrer aux réseaux sociaux, que ce soit pour communiquer de l’information interne ou externe, car les nouvelles générations d’utilisateurs y sont définitivement attachées et utilisent ce genre de communication. Il sera important pour l’entreprise de mesurer régulièrement sa réputation sur les réseaux sociaux et sur l’internet en général grâce à certains outils d’entreprises spécialisées.

Cinq ans plus tard …

D’ici cinq ans, la fracture numérique aura augmentée entre les villes de grande envergure et le reste de la province. L’évolution de la disponibilité des données ainsi que l’interaction avec des applications destinées à utiliser ces données ouvertes se fera principalement pour servir les grandes villes puisque le volume d’utilisateur s’y trouve. Les budgets des grandes villes permettent une évolution rapide et une adaptation quotidienne aux différents changements technologiques.

L’avancement technologique permettra des changements considérables, les communications et l’information seront de plus en plus présente au quotidien, elles viendront beaucoup plus à nous que de nos jours. L’enjeu le plus important sera évidemment la gestion du changement, car les méthodes traditionnelles deviendront à la fine pointe de la technologie et les personnes devront s’adapter et composer avec le changement. Un programme de formation et d’intégration des changements technologiques dans la vie de tous les jours devra faire partie des programmes offerts par la ville intelligente pour permettre une plus grande adhésion de sa population à ces nouveaux outils et services intelligents.

L’évolution des sites Web passera de pages statiques à une expérience utilisateur personnalisée dont les préférences et les intérêts seront optimisés grâce aux données recueillies et à l’intelligence qui y sera apportée. Par exemple, lorsque vous visitez un site Web d’une librairie pour une première fois, celui-ci vous proposera dans un premier temps de documenter votre profil selon vos goûts et vos intérêts pour vous suggérer les nouveautés susceptibles de vous intéresser au fur et à mesure de votre expérience sur le site. De plus, si vous vous déplacez dans un magasin, celui-ci vous reconnaîtra et vous proposera les sections dont vous devriez être le plus intéressé à visiter. Le panier d’épicerie que vous avez rempli sur le site Web vous sera disponible au moment de votre entrée en magasin et il vous sera indiqué l’emplacement des livres choisis au préalable.

Les objets sociaux seront de plus en plus utilisés, les différentes actions comme diffuser, commenter, aimer, partager, seront une façon de s’exprimer dans le monde virtuel de l’internet. La ville intelligente aura avantage à suivre la vague et d’y intégrer à travers ses initiatives des objets sociaux qui permettront d’avoir une interaction avec ses utilisateurs.

D’ici cinq ans, vous commencerez à prendre connaissance des efforts en développement durable des entreprises et des initiatives de votre municipalité et des organismes grâce à différentes métriques qui seront identifiées sur les contenants ou bien sur les publicités des produits et des services. Le développement durable ne veut pas nécessairement dire un développement économique, au contraire, ceci sera une contrainte importante à considérer pour la municipalité puisque l’avenir est entre ses mains en partie. Il faut que la ville et le gouvernement éduquent la population pour qu’elle comprenne bien les enjeux et les effets d’une décision sur l’avenir en matière de développement durable et écoresponsable.

Les pays industrialisés devront appuyer les efforts des régions moins nanties de par leurs expériences en améliorant la communication à travers les réseaux sociaux et le Web social.

Vingt ans plus tard …

D’ici 20 ans, une nouvelle génération de citoyens évoluera dans les grandes villes et pour eux, l’utilisation des données ouvertes fera partie de leur quotidien. Ils auront le réflexe d’utiliser les différents outils qui sont disponibles et chercheront à les faire évoluer selon leurs nouveaux besoins.

Il est certainement difficile de prédire l’évolution de la ville intelligente et l’interaction avec les réseaux sociaux, cependant les changements technologiques ne cesseront d’avancer et les utilisateurs devront adhérer à ces changements. Considérant que les initiatives des villes intelligentes sont basées principalement pour rendre des services aux citoyens, ceux-ci y adhéreront certainement en majorité ce qui permettra d’avoir une meilleure collaboration et interaction entre la ville et le citoyen.

Est-ce que les gouvernements auront pris le virage vers un gouvernement intelligent ? En suivant l’exemple des villes intelligentes, le but étant d’être à l’écoute des citoyens et de la population pour répondre le mieux possible aux demandes légitimes dans des délais raisonnables et dans une liberté d’expression sur les réseaux sociaux. Nous pouvons espérer que ces initiatives feront leurs petits bouts de chemin et serviront d’exemples pour les autres municipalités, les organismes, les entreprises, les gouvernements, que ce soit dans un pays industrialisé ou non, peu importe les classes sociales et cultures.

[1] www.blogdumoderateur.com

Les villes intelligentes et le Web social

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